Myelin: pourquoi ce nom?

On me demande souvent pourquoi notre projet d’intelligence artificielle en santé mentale s’appelle « Myelin »

Alors voici une petite réponse !

La myéline est une substance qui permet de faire circuler l’information plus vite dans votre cerveau, tout comme nous espérons que notre outil fera circuler l’information plus vite dans vos vies !

Pour ceux qui veulent en savoir plus sur la myéline:  Lisez cette synthèse de McGill

Simple non ?

TEdx

J’ai récemment eu la chance de donner une conférence TEDx sur le rôle fondamental que joue l’intelligence artificielle dans l’amélioration de la diffusion des connaissances scientifiques dans le domaine de la santé mentale.

Depuis, on m’a posé de très nombreuses questions, auxquelles j’ai choisi de répondre ici!

Je les ai classées dans six catégories :

  • Myelin
  • Autisme
  • Santé mentale
  • Transfert de connaissances
  • Masse d’information
  • Intelligence artificielle

Myelin

Comment se tenir au courant de l’avancement du projet?

Nous allons créer un site Web prochainement, mais en attendant vous pouvez nous suivre sur :

Comment aider?

Nous créons actuellement un prototype en autisme. Vous pouvez y contribuer directement en allants sur le site de La Ruche.

Vous pouvez aussi simplement donner de la visibilité au projet! C’est tout aussi important que de l’argent! Ou écrivez-nous pour nous encourager! 

 

Autisme

Est-ce que l’autisme est une maladie mentale?

Officiellement, selon le DSM5, l’autisme est un diagnostic dans le domaine de la santé mentale. De manière plus précise, dans ce manuel, il est désigné « trouble du spectre autistique » et est classé dans la catégorie des troubles neurodéveloppementaux.

Toutefois, de nombreuses associations luttent pour que l’autisme ne soit plus considéré comme une maladie, mais comme une variation neurologique. Ainsi s’est développé le mouvement pour la neurodiversité.

Je suis personnellement en faveur de cette vision moins stigmatisante de l’autisme. Le format de TEDx ne me permettait toutefois pas d’apporter ces précisions.

Il y a vraiment 65 000 personnes atteintes au Québec, et 7,43 millions dans le monde?

En fait il y en a davantage. Pour arriver à ce chiffre, j’ai pris comme hypothèse un taux de 0,8 % d’autiste dans la population. Cela donne donc plus de 65 000 personnes pour la population du Québec et plus de 7 millions pour la population mondiale.

Il y a vraiment des gens qui sont morts à cause de mauvaises informations sur le TSA?

Oui, malheureusement, de mauvaises informations ou des croyances ont entraîné des souffrances très importantes et la mort. Je me limiterai à deux exemples :

  1. La chélation est l’administration de composés chimiques (généralement par intraveineuse) qui ont comme but d’aider à l’élimination de métaux du corps humain. L’utilisation de la chélation pour l’autisme se base sur la théorie erronée selon laquelle l’autisme est causé par le mercure. La chélation permettrait donc d’éliminer le mercure du corps de l’enfant. Certains chiffres montrent que 7 % des personnes TSA auraient déjà eu une chélation. Pourtant, on a démontré que ce traitement est non seulement inefficace, mais aussi dangereux. Ainsi, en 2005, un enfant TSA de cinq ans est mort d’un arrêt cardiaque causé par une hypocalcémie à la suite d’une chélation intraveineuse (ex : 1 2 3 ).
  2. Les approches psychanalytiques ont longtemps soutenu que l’autisme était causé par une relation froide et distante entre l’enfant et ses parents. Certains auteurs (Bettelheim et Humery, 1969) ont même écrit que ces parents rejetaient leurs enfants, qu’ils étaient incapables d’aimer. Les données scientifiques recueillies depuis plus de 40 ans contredisent cette perspective psychologique, qui est rejetée par la quasi-totalité des chercheurs et des intervenants. La culpabilité et les souffrances qu’ont vécues ces familles sont inacceptables.

Pourquoi faire votre premier prototype sur l’autisme?

Honnêtement, la première raison pour laquelle nous avons choisi de nous intéresser à l’autisme est d’ordre affectif : nous avons connu des personnes touchées par la mauvaise circulation de l’information en autisme et nous avons voulu agir!

Mais il y a aussi des raisons rationnelles et pragmatiques. Le domaine de l’autisme (trouble du spectre autistique) a plusieurs particularités :

  • Beaucoup de recherche scientifique
  • Champ de recherche bien structuré
  • Champ de recherche entre la médecine et la psychologie
  • Paradoxalement beaucoup de fausses informations qui circulent

Finalement, nous avons une bonne connaissance du domaine, et nous avons accès à plusieurs experts.

Les parents de personnes TSA ne pourraient-ils pas trouver tout seuls de l’information de qualité? Ne les sous-estimes-tu pas?

Au contraire, je les admire profondément! Les voir lutter jour après jour pour le bien-être de leur enfant m’impressionne vraiment. Et je veux justement leur faciliter la tâche. Beaucoup de parents, qui se consacrent aussi à leur travail et à leur vie de famille, sont obligés de passer des heures à chercher des informations pour devenir des experts de la recherche en autisme. Je veux au moins leur simplifier ce travail en rendant l’information plus facilement accessible.

Santé mentale

Est-ce que vraiment une personne sur dix développe un problème de santé mentale chaque année?

Oui. Selon le rapport du Commissaire à la santé et au bien-être, 10 % des Québécois et 10 % des Canadiens développent un trouble de santé mentale chaque année. Pour les autres pays, je vous suggère de voir ce rapport de l’Organisation mondiale de la Santé.

Transfert de connaissances

C’est quoi le transfert de connaissances?

Il existe de nombreux noms qui désignent le transfert de connaissances : diffusion, échange, dissémination, valorisation, mobilisation, application, transfert… De même, il existe de très nombreuses définitions. Personnellement, je me base sur celle-ci : « L’ensemble des activités, des mécanismes et des processus favorisant l’utilisation de connaissances pertinentes (tacites et empiriques) par un public cible. Ces processus incluent, sans s’y limiter, la diffusion, l’adoption et l’appropriation de ces connaissances. »

Si vous voulez découvrir le domaine, voici un bon guide de l’INSPQ.

Est-ce qu’il n’y a vraiment que 14 % de la recherche qui est utilisée? Est-ce que ça prend vraiment 17 ans avant qu’elle le soit?

Ces chiffres proviennent de cette recherche en santé publique, qui indique que seulement 14 % de la recherche est utilisée et que le temps moyen de diffusion est de 17 ans. La situation dans le domaine psychosocial est comparable ou pire.

Est-ce qu’il existe vraiment un fossé entre les chercheurs entre les décideurs politiques?

Oui, il a été démontré que les décideurs politiques et les gestionnaires n’ont pas toujours accès aux meilleures informations scientifiques. Par exemple, cette étude montre que seulement 22 % des gestionnaires utilisent souvent les données probantes afin de guider leurs pratiques.

 

Est-ce qu’il existe vraiment un fossé entre les chercheurs et les intervenants?

Oui, il a été démontré que les décideurs politiques et les gestionnaires n’ont pas toujours accès aux meilleures informations scientifiques. Par exemple, cette étude montre que seulement 18 % des intervenants utilisent souvent les données probantes afin de guider leurs pratiques (autres exemples : 1 2 3).

Est-ce que c’est exact que près du tiers des personnes ne reçoivent pas les soins recommandés?

Ces chiffres proviennent d’une recherche en médecine, qui indique que de 30 à 45 % des patients ne reçoivent pas des traitements en accord avec les meilleures pratiques scientifiques, et que de 20 à 25 % de soins donnés sont superflus et potentiellement dangereux. La situation dans le domaine psychosocial est comparable ou pire.

Est-ce qu’il existe vraiment un fossé entre les chercheurs et le grand public?

Oui, le grand public a accès à peu d’information. Dans une écrasante majorité des cas, les recherches ne sont pas accessibles librement. De plus, rappelons que de 30 à 45 % des patients ne reçoivent pas des traitements conformes aux meilleures pratiques scientifiques et que de 20 à 25 % de soins donnés sont superflus et potentiellement dangereux.

Masse d’information

Il y a vraiment plus de 3 000 articles publiés par jour?

Pour réaliser cette estimation, nous nous sommes basés sur la base de données PsycINFO. Une recherche effectuée pour plusieurs mois a donné des résultats de l’ordre de 90 000 articles par mois, soit environ 3 000 par jour.

Faudrait-il vraiment lire 18 heures par jour pour suivre le rythme?

Pour cette estimation, nous nous sommes basés sur la base de données PsycINFO. Une recherche effectuée pour plusieurs mois a donné des résultats de l’ordre de 1 100 articles par mois sur le trouble du spectre autistique, soit environ 36 par jour.

En calculant 30 minutes par article, nous arrivons à un résultat de 18 heures par jour.

 

Est-ce vrai que la quantité d’information doublera tous les 73 jours?

Les chiffres proviennent de cet article, selon lequel, dans le domaine de la santé :

  • dans les années 1950, il était estimé que la quantité d’information doublerait tous les 50 ans;
  • dans les années 1980, ce chiffre a passé à 7 ans;
  • dans les années 2010 : 3,5 ans;
  • dans les années 2020, on pense que la quantité d’information doublera tous les 73 jours!

Intelligence artificielle

C’est quoi l’intelligence artificielle?

Selon une des définitions les plus courantes, l’intelligence artificielle est une machine capable d’effectuer des actions que nous définissions comme requérant de l’intelligence, telles que raisonner, apprendre, planifier, résoudre des problèmes et percevoir.

Pour en savoir plus, je vous suggère le livre An Introduction to Artificial Intelligence in Behavioral and Mental Health Care,de David D. Luxton.

 

C’est vrai que l’intelligence artificielle est parfois meilleure que des médecins?

Oui, ça commence notamment dans le domaine de la radiologie en oncologie (vidéo) et dans la détection de l’Alzheimer ou de l’autisme.

 

C’est vrai que ça n’existe pas dans le domaine psychosocial?

Il commence à y avoir des recherches menées dans le domaine psychosocial (je vous suggère d’ailleurs l’excellent livre An Introduction to Artificial Intelligence in Behavioral and Mental Health Care, de David D. Luxton). Toutefois, à notre connaissance, aucun projet similaire au nôtre n’existe.

 

Est-ce que Montréal devient vraiment une plaque tournante de l’intelligence artificielle?

Oui, Montréal possède beaucoup d’atouts et pourrait devenir l’un des grands pôles de l’intelligence artificielle dans les prochaines années (1 2 3 Vidéos).